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XXIII

LA LEÇON.


L’escrime n’était point, à l’époque dont nous essayons, non-seulement de raconter les événements, mais encore de peindre les mœurs et les habitudes, ce qu’elle est aujourd’hui.

Les épées, tranchantes des deux côtés, faisaient que l’on frappait presque aussi souvent de taille que de pointe ; en outre, la main gauche, armée d’une dague, était à la fois défensive et offensive : il en résultait une foule de blessures, ou plutôt d’égratignures, qui étaient dans un combat réel un puissant motif d’excitation.

Quélus, perdant son sang par dix-huit blessures, se tenait debout encore, continuait de combattre, et ne fût pas tombé, si une dix-neuvième blessure ne l’eût couché dans le lit qu’il ne quitta plus que pour le tombeau.

L’escrime, apportée d’Italie, mais encore dans l’enfance de l’art, consistait donc à cette époque dans une foule d’évolutions qui déplaçaient considérablement le tireur et devaient, sur un terrain choisi par le hasard, rencontrer une foule d’obstacles dans les moindres accidents du sol.

Il n’était point rare de voir le tireur s’allonger, se raccourcir, sauter à droite, sauter à gauche, appuyer une main à terre ; l’agilité non-seulement de la main, mais encore des