Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/275

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— Et à qui appartiennent ces Gascons ?

— Je n’en sais rien.

— Et ils se sont retirés ?

— Oh ! pas ainsi, ils criaient haut ; le nom de Votre Altesse fut entendu ; quelques passants s’arrêtèrent et demandèrent si effectivement vous arriviez. Ils allaient répondre à la question, quand tout à coup un homme s’approcha du Gascon et lui toucha l’épaule. Ou je me trompe bien, Monseigneur, ou cet homme c’était Loignac.

— Après ? demanda la duchesse.

— À quelques mots dits tout bas, le Gascon ne répondit que par un geste de soumission, et suivit son interrupteur.

— De sorte que…

— De sorte que je n’ai pas pu en savoir davantage ; mais en attendant, défiez-vous.

— Vous ne les avez pas suivis ?

— Si fait, mais de loin ; je craignais d’être reconnu, comme gentilhomme de Votre Altesse. Ils se sont dirigés du côté du Louvre, et ont disparu derrière l’hôtel des Meubles. Mais après eux, toute une traînée de voix répétait : Mayenne ! Mayenne !

— J’ai un moyen tout simple de répondre, dit le duc.

— Lequel ? demanda sa sœur.

— C’est d’aller saluer le roi ce soir.

— Saluer le roi ?

— Sans doute ; je viens à Paris, je lui donne des nouvelles de ses bonnes villes de Picardie, il n’y a rien à dire.

— Le moyen est bon, dit Mayneville.

— Il est imprudent, dit la duchesse.

— Il est indispensable, ma sœur, si, en effet, on se doute de mon arrivée à Paris. C’était d’ailleurs l’opinion de notre frère Henri, que je descendisse tout botté devant le Louvre, pour présenter au roi les hommages de toute la famille. Une fois ce devoir accompli, je suis libre, et je puis recevoir qui bon me semble.