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parce que j’aimerais bien mieux un de ces beaux couteaux d’Espagne qui sont là appendus au mur.

— Comment ! tu n’aimes pas mieux l’argent pour aller courir les farceurs de la foire Saint-Laurent, ou les clapiers de la rue Sainte-Marguerite ? demanda d’Épernon.

— J’ai fait vœu de pauvreté et de chasteté, répliqua Jacques.

— Donne-lui donc une de ces lames d’Espagne, et qu’il s’en aille, La Valette, dit le roi.

Le duc, en homme parcimonieux, choisit parmi les couteaux celui qui lui paraissait le moins riche et le donna au petit moine.

C’était un couteau catalan, à la lame large, effilée, solidement emmanchée dans un morceau de belle corne ciselée.

Jacques le prit, tout joyeux de posséder une si belle arme, et se retira.

Jacques parti, le duc essaya de nouveau de questionner le roi.

— Duc, interrompit le roi, as-tu, parmi tes quarante-cinq, deux ou trois hommes qui sachent monter à cheval ?

— Douze, au moins, sire, et tous seront cavaliers dans un mois.

— Choisis-en deux de ta main, et qu’ils viennent me parler à l’instant même.

Le duc salua, sortit, et appela Loignac dans l’antichambre.

Loignac parut au bout de quelques secondes.

— Loignac, dit le duc, envoyez-moi à l’instant même deux cavaliers solides ; c’est pour accomplir une mission directe de Sa Majesté.

Loignac traversa rapidement la galerie, arriva près du bâtiment que nous nommerons désormais le logis des Quarante-Cinq.

Là, il ouvrit la porte et appela d’une voix de maître :

— Monsieur de Carmainges ! Monsieur de Biran !

— M. de Biran est sorti, dit le factionnaire.