— Très-bien, Monsieur, répliqua Ernauton en s’inclinant, et me voilà fixé ; reste un point cependant qui m’inquiète fort.
— Lequel, Monsieur ?
— L’obéissance passive.
— C’est la première condition.
— J’ai parfaitement entendu, Monsieur. L’obéissance passive est quelquefois difficile pour des gens délicats sur l’honneur.
— Cela ne me regarde point, monsieur de Carmainges, dit Loignac.
— Cependant, Monsieur, lorsqu’un ordre vous déplaît ?
— Je lis la signature de M. d’Épernon, et cela me console.
— Et M. d’Épernon ?
— M. d’Épernon lit la signature de Sa Majesté, et se console comme moi.
— Vous avez raison, Monsieur, dit Ernauton, et je suis votre humble serviteur.
Ernauton fit un pas pour se retirer ; ce fut Loignac qui le retint.
— Vous venez cependant d’éveiller en moi certaines idées, fit-il, et je vous dirai à vous des choses que je ne dirais point à d’autres, parce que ces autres-là n’ont eu ni le courage ni la convenance de me parler comme vous.
Ernauton s’inclina.
— Monsieur, dit Loignac en se rapprochant du jeune homme, peut-être viendra-t-il ce soir quelqu’un de grand : ne le perdez pas de vue, et suivez-le partout où il ira en sortant du Louvre.
— Monsieur, permettez-moi de vous le dire, mais il me semble que c’est espionner, cela ?
— Espionner ! croyez-vous ? fit froidement Loignac ; c’est possible, mais tenez…
Il tira de son pourpoint un papier qu’il tendit à Carmainges ; celui-ci le déploya et lut :