Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/92

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de suite, vous pouvez vous distraire en allant voir M. de Salcède, un Espagnol, qui a conspiré.

— Tiens, dit le jeune homme, c’est vrai ; j’ai entendu parler de cette affaire ; j’y vais, pardioux !

Et il sortit avec ses deux laquais.

Vers deux heures, arrivèrent par groupes de quatre et cinq une douzaine de voyageurs nouveaux.

Quelques-uns d’entre eux arrivèrent isolés.

Il y en eut même un qui entra en voisin, sans chapeau, une badine à la main ; il jurait contre Paris, où les voleurs sont si audacieux que son chapeau lui avait été pris du côté de la Grève, en traversant un groupe, et si adroits qu’il n’avait jamais pu voir qui le lui avait pris.

Au reste, c’était sa faute : il n’aurait pas dû entrer dans Paris avec un chapeau orné d’une si magnifique agrafe.

Vers quatre heures il y avait déjà quarante compatriotes du capitaine installés dans l’hôtellerie des Fournichon.

— Est-ce étrange, dit l’hôte à sa femme, ils sont tous Gascons.

— Que trouves-tu d’étrange à cela ? répondit la dame ; le capitaine n’a-t-il pas dit que c’étaient des compatriotes qu’il recevait ?

— Eh bien ?

— Puisqu’il est Gascon lui-même, ses compatriotes doivent être Gascons.

— Tiens, c’est vrai ! dit l’hôte.

— Est-ce que M. d’Épernon n’est pas de Toulouse ?

— C’est vrai, c’est vrai ; tu tiens donc toujours pour M. d’Épernon ?

— Est-ce qu’il n’a pas lâché trois fois le fameux parfandious ?

— Il a lâché le fameux parfandious ? demanda Fournichon inquiet ; qu’est-ce que cet animal-là ?

— Imbécile ! c’est son juron favori.

— Ah ! c’est juste.