Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/99

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la fenêtre du rez-de-chaussée dans la rue, et cela tandis que Lardille poussait des cris à faire crouler les murs.

— Maintenant, ajouta tranquillement Ernauton, beau-père, belle-mère, beau-fils et toutes les familles du monde, j’en fais de la chair à pâté, si l’on vient me déranger encore.

— Ma foi ! dit Miradoux, je trouve qu’il a raison, moi : pourquoi l’agacer, ce gentilhomme ?

— Ah ! lâche ! lâche ! qui laisse battre son fils ! s’écria Lardille en s’avançant vers Eustache et en secouant ses cheveux épars.

— La, la, la, fit Eustache, du calme, cela lui fera le caractère.

— Ah çà ! dites donc, on jette donc des hommes par la fenêtre ici ? dit un officier en entrant : que diable ! quand on se livre à ces sortes de plaisanteries, on devrait crier au moins : Gare là-dessous !

— Monsieur de Loignac ! s’écrièrent une vingtaine de voix.

— Monsieur de Loignac ! répétèrent les quarante-cinq.

Et à ce nom, connu par toute la Gascogne, chacun se leva et se tut.


IX

M. DE LOIGNAC.


Derrière M. de Loignac entra à son tour Militor, moulu de sa chute et cramoisi de colère.

— Serviteur, Messieurs, dit Loignac ; nous menons grand bruit, ce me semble… Ah ! ah ! maître Militor a encore fait le hargneux, à ce qu’il paraît, et son nez en souffre.