Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/70

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Henri se fit reconnaître tant personnellement qu’en nommant son frère. Il fut ardemment questionné et raconta de quelle façon miraculeuse lui et ses compagnons avaient échappé à la mort, mais sans rien dire autre chose.

Remy et sa maîtresse s’assirent silencieusement dans un coin ; Henri les alla chercher pour les inviter à s’approcher du feu.

Tous deux étaient encore ruisselants d’eau.

— Madame, dit-il, vous serez respectée ici comme dans votre maison : je me suis permis de dire que vous étiez une de mes parentes, pardonnez-moi.

Et sans attendre les remerciements de ceux auxquels il avait sauvé la vie, Henri s’éloigna pour rejoindre les officiers qui l’attendaient.

Remy et Diane échangèrent un regard qui, s’il eût été vu du comte, eût été le remerciement si bien mérité de son courage et de sa délicatesse.

Les gendarmes d’Aunis auxquels nos fugitifs venaient de demander l’hospitalité, s’étaient retirés en bon ordre après la déroute et le sauve qui peut des chefs.

Partout où il y a homogénéité de position, identité de sentiment et habitude de vivre ensemble, il n’est point rare de voir la spontanéité dans l’exécution après l’unité dans la pensée.

C’est ce qui était arrivé cette nuit même aux gendarmes d’Aunis.

Voyant leurs chefs les abandonner et les autres régiments chercher différents partis pour leur salut, ils s’entre-regardèrent, serrèrent leurs rangs au lieu de les rompre, mirent leurs chevaux au galop, et sous la conduite d’un de leurs enseignes, qu’ils aimaient fort à cause de sa bravoure, et qu’ils respectaient à un degré égal à cause de sa naissance, ils prirent la route de Bruxelles.

Comme tous les acteurs de cette terrible scène, ils virent tous les progrès de l’inondation, et furent poursuivis par les