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— Un cheval ! s’écria Henri, qu’on me prête un cheval !

— Mais par où sortirez-vous ? demanda l’enseigne, puisque l’eau nous environne de tous côtés ?

— Mais vous voyez bien que la plaine est praticable ; vous voyez bien qu’ils marchent, eux, puisque leurs trompettes sonnent.

— Montez en haut de la chaussée, monsieur le comte, répondit l’enseigne, le temps s’éclaircit et peut-être pourrez-vous voir.

— J’y vais, dit le jeune homme.

Henri s’avança en effet vers l’éminence désignée par l’enseigne, les trompettes sonnaient toujours par intervalles, sans se rapprocher ni s’éloigner.

Remy avait repris sa place auprès de Diane.


VIII

LES DEUX FRÈRES.


Un quart d’heure après, Henri revint ; il avait vu, et chacun pouvait le voir comme lui, il avait vu sur une colline, que la nuit empêchait de distinguer, un détachement considérable de troupes françaises cantonnées et retranchées.

À part un large fossé d’eau qui entourait le bourg occupé par les gendarmes d’Aunis, la plaine commençait à se dégager comme un étang qu’on vide, la pente naturelle du terrain entraînant les eaux vers la mer, et plusieurs points du terrain, plus élevés que les autres, commençant à reparaître, comme après un déluge.