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sont pas de mise dans cette maison. Je vous ai sans doute offensé dans vos croyances, mais c’était sans le vouloir, je vous jure. Pardonnez-moi donc une faute qui est peut-être grande, mais qui certainement est involontaire.

Milady était si belle dans ce moment, l’extase religieuse dans laquelle elle semblait plongée donnait une telle expression à sa physionomie, que Felton, ébloui, crut voir l’ange que tout à l’heure il lui semblait seulement entendre.

— Oui, oui, répondit-il, oui, vous troublez, vous agitez les gens qui habitent le château.

Et le pauvre insensé ne s’apercevait pas lui-même de l’incohérence de ses discours, tandis que milady plongeait son œil de lynx au plus profond de son cœur.

— Je me tairai, dit milady en baissant les yeux, avec toute la douceur qu’elle put donner à sa voix, avec toute la résignation qu’elle put imprimer à son maintien.

— Non, non, madame, dit Felton, seulement chantez moins haut, la nuit surtout.

Et à ces mots Felton, sentant qu’il ne pourrait pas conserver plus longtemps sa sévérité à l’égard de la prisonnière, s’élança hors de son appartement.

— Vous avez bien fait, lieutenant, dit le soldat, ces chants bouleversent l’âme ; cependant on finit par s’y accoutumer : la voix est si belle !