— Ah ! vous pouvez y compter.
Et Charras partit.
Pendant ce temps, nous arrivions et nous nous répandions dans Versailles.
Pour mon compte, je courais à la caserne des gardes du corps ; j’y avais, à la compagnie de Grammont, un intime ami, garçon d’une bravoure à toute épreuve, et surtout, ce que j’appréciais autant, d’un esprit merveilleux. On le nommait d’Arpentigny. C’était, si jeune qu’il fût, un ancien soldat de l’Empire, et il a écrit sur sa captivité en Russie un des plus étonnants livres qui se puissent lire.
Il n’y avait plus un seul garde à l’hôtel : tous avaient suivi le roi à Rambouillet ; ils l’accompagnèrent, on le sait, jusqu’à Cherbourg.
Après une halte d’une demi-heure, on donna l’ordre de se remettre en route.
Au moment du départ, le général Pajol apprit que deux régiments étaient casernés à Versailles, Était-il prudent de laisser ces deux régiments derrière soi ?
On leur envoya trois parlementaires. Les deux régiments se rendirent sans résistance ; leurs armes furent distribuées aux hommes de l’expédition ; mes dix-sept soldats y attrapèrent trois fusils.
En arrivant à Saint-Cyr, Degousée eut l’idée d’enlever l’artillerie de l’École ; il demanda des hommes de bonne volonté : nous nous offrîmes, et, à deux cents à peu près, nous allâmes enlever huit pièces de canon.
On s’y attela pour les traîner jusqu’à la route ; des émissaires envoyés de tous côtés ramenèrent des chevaux et des traits.
L’armée expéditionnaire de l’Ouest avait de l’artillerie ; seulement, elle manquait de gargousses et de boulets.
En ce moment, Georges la Fayette nous rejoignit ; il y avait une place vacante, celle de commandant de l’artillerie : Pajol la lui donna.
Parvint-on à se procurer des boulets et des gargousses ? Je n’en ai jamais rien su.