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bien à suivre cette voie Benedetto Varchi, Philippo de Nerli, Vincenzio Borghini, et tant d’autres, que, des seuls volumes qui lui furent dédiés par la reconnaissance des historiens, des poètes ou des savans contemporains, on pourrait faire une bibliothèque.

Enfin, il obtint que Boccace, défendu par le concile de Trente, fût revisé par Pie V, qui mourut en le révisant, et par Grégoire XIII, qui lui succéda. La belle édition de 1575 est le résultat de la censure pontificale, et il poursuivait la même restitution pour les œuvres de Machiavel, lorsqu’il mourut avant de l’avoir obtenue.

Cosme était artiste, ce ne fut pas sa faute s’il arriva au moment où les grands hommes s’en allaient. De toute cette brillante pléiade qui avait éclairé les règnes de Jules II et de Léon X, il ne restait plus que Michel-Ange. Il fit tout ce qu’il put pour l’avoir ; il lui envoya un cardinal et une ambassade, lui offrit une somme d’argent qu’il fixerait lui-même, le titre de sénateur et une charge à son choix ; mais Paul III le tenait, et ne le voulait point céder. Alors, à défaut du géant florentin, il rassembla tout ce qu’il put trouver de mieux. L’Ammanato, son ingénieur, lui bâtit, sur les dessins de Michel-Ange, le beau pont de la Trinité, et lui tailla le Neptune de marbre de la place du Palais-Vieux. Il fit faire à Baccio Bandinelli l’Hercule et le Bacchus, la statue du pape Léon X, la statue du pape Clément VII, la statue du duc Alexandre, la statue de Jean de Médicis, son père, et sa propre statue à lui-même, la loge du Marché-Neuf et le chœur du Dôme. Benvenuto Cellini fut rappelé de France pour lui fondre son Persée en bronze, pour lui tailler des coupes d’agathe et pour lui graver des médailles d’or. Puis, comme on avait retrouvé dans les environs d’Arezzo, dit Benvenuto dans ses Mémoires, une foule de petites figures de bronze auxquelles il manquait à celles-ci la tête, à celles-là les mains, et aux autres les pieds, Cosme les nettoyait lui-même et en faisait tomber la rouille avec précaution pour qu’elles ne fussent pas endommagées. Un jour que Benvenuto Cellini entrait pour faire visite au grand-duc, il le trouva entouré de marteaux et de ciseaux. Alors, donnant un marteau à Cellini et gardant un ciseau, Cosme lui or-