Page:Dumas fils - La Dame aux camélias, 1852.djvu/269

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faisait verser la joie d’être aimé ainsi.

— Ma vie est à toi, Marguerite, tu n’as plus besoin de cet homme, ne suis-je pas là ? t’abandonnerais-je jamais et pourrais-je payer assez le bonheur que tu me donnes ? Plus de contrainte, ma Marguerite, nous nous aimons ! que nous importe le reste ?

— Oh ! oui, je t’aime, mon Armand ! murmura-t-elle en enlaçant ses deux bras autour de mon cou, je t’aime comme je n’aurais pas cru pouvoir aimer. Nous serons heureux, nous vivrons tranquilles, et je dirai un éternel adieu à cette vie dont je rougis maintenant. Jamais tu ne me reprocheras le passé, n’est-ce pas ?

Les larmes voilaient ma voix. Je ne pus répondre qu’en pressant Marguerite contre mon cœur.

— Allons, dit-elle en se retournant vers Prudence, et d’une voix émue, vous rapporterez cette scène au duc, et vous ajouterez que nous n’avons pas besoin de lui.

A partir de ce jour il ne fut plus question du duc. Marguerite n’était plus la fille que j’avais connue. Elle évitait tout ce qui aurait pu me rappeler la vie au milieu de laquelle je l’avais rencontrée. Jamais