Page:Dumont - Brest, 1833.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La prévoyance veut que dans cette détresse
A borner ses besoins chaque mortel s’empresse ;
D’Esclieux, le premier souscrit à la rigueur
Qui de sa soif cruelle augmente encor l’ardeur.
La longueur d’un voyage extrêmement pénible,
À ces deux arbrisseaux est pleinement nuisible :
Hélas ! l’un d’eux a vu ses rameaux se flétrir,
Et d’Esclieux n’a pu l’empêcher de mourir.
Ô d’Esclieux ! combien tu ressens de tristesse,
En perdant cet objet si cher à ta tendresse !
L’autre encore languit, et l’on craint vivement
Que le plus cruel sort l’atteigne également.
Avec quel intérêt d’Esclieux envisage
Ce faible rejeton, espoir de son voyage,
Et qui devient pour lui doublement précieux !
Sur cet arbuste il porte à chaque instant les yeux :
Rempli d’inquiétude, il contemple, il observe
L’objet si délicat, pour lequel il réserve
Cette inestimable eau qui pourrait adoucir
La soif qui constamment vient le faire souffrir.
L’arbuste est ranimé par l’onde salutaire,
Qu’avec précaution lui verse une main chère :
Ah ! quel touchant plaisir éprouve d’Esclieux,
En voyant que le ciel est sensible à ses voeux !

Enfin est terminé ce pénible voyage.
Le sol soudain reçoit l’inestimable gage
Qui va lui procurer tant de prospérité.
Ô Cafier ! lu parviens avec rapidité