Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/118

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La tête inclinée sur l’épaule gauche, faisait ressortir en elle la cambrure d’un torse flexible. Cette attitude disait la volupté, la faiblesse vaincue et acceptante.

Jean répéta.

— Lucienne, apprêtez-vous.

Elle le regarda de ses yeux mouillés et imploreurs. La bouche entr’ouverte montrait les muqueuses écarlates.

— Jean, je ne voudrais plus jamais vous quitter.

— Ne dites pas cela, Lucienne. La vie vous réserve de plus fines joies.

Elle rétorqua brutalement :

— Ce que je m’en fous !…

— Oh ! Lucienne, bien sûr, vous ne savez pas quand elles viendront ni ce qu’elles seront, mais, quand sonnera leur heure, vous serez plus satisfaite que je n’ai su vous rendre, durant ce jour unique où le plaisir de vous tenir compagnie me fut donné.

Elle le dévisagea longuement, avec une face muette et sombre.

Que pensait-elle ?

Il se demanda : « Comment agir sur cette âme sans la rudoyer ? Depuis hier je ne puis faire acte qui soit celui qu’il eût fallu. Maintenant, au moment de nous séparer, je voudrais lui laisser un doux souvenir. »