Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/123

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— Comment c’est fait, une femme…

Il ne disait rien et elle ajouta :

— Dommage que nous soyons pressés — c’est vous qui l’avez dit — car j’aurais quitté tout pour vous permettre de mieux me connaître. Oui, ma chemise et ma ceinture gênent. Je vais les enlever si vous y tenez ?

— Lucienne, dit calmement Jean Dué, baissez votre jupe et munissez-vous du colis de victuailles. Je vous le reprendrai dehors. Tout y est-il ? Une fois sortis, ce ne sera pas le moment de s’apercevoir qu’on a oublié quelque chose. C’est bien vu ?

Elle avait laissé retomber sa jupe. Lui feignait de ne regarder que le lourd paquet d’aliments.

— Et boire ? dit-elle, très naturellement, comme si la conversation continuait.

— Il y a du vin et des liqueurs là-bas. Même des confitures et autres menues choses. Allons-nous-en enfin !

Comme ils se dirigeaient vers la porte, après avoir éteint, Jean alluma une petite lampe électrique. Il vit alors les yeux de Lucienne pleins de larmes. Un pli d’infinie tristesse détendait les commissures de la belle bouche dont il avait reçu un si doux contact.

Il se dit :

« Elle souffre. Je lui pardonne et je l’aime. »