Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/135

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— Savez-vous qui était Canidie ?

— Une sorcière du temps, sans doute, qui négociait des poudres de succession.

— Oui, mais elle se nommait Gratidia, était Napolitaine et de son métier vendait des parfums. Elle habitait sur l’Esquilin, et, notez-le, sa demeure voisinait les fameux jardins du richissime Mécène. Évidemment c’est Mécène qui lança son poète à gages sur la malheureuse Canidie. Au fond, elle ne fut sans doute coupable que de gêner un grand personnage un peu crédule et qui aurait craint de se faire ensorceler en la chassant lui-même.

Brusquement il demanda à Jean :

— Croyez-vous aux sorciers ?

— Pas du tout, monsieur.

— Hé ! hé ! il faut croire !…

Maintenant traduisez-moi quelque chose dans les Odes. Tenez, dans le morceau que vous connaissez, à partir de


Valet ima summis
Mutare… etc…


Jean vit, à travers les beaux mots latins, paraître sa cousine Lucienne Dué. Il l’avait conduite la nuit dernière dans la petite propriété de Bel-Ebat… Il était rentré à deux heures et demie du matin et n’avait pu dormir ensuite. Toujours il voyait le corps fluet de la jeune