Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/165

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qu’elle portait son nom, il la voulait maintenant fine et gracieuse. La voix d’ailleurs était délicate et bien timbrée.

Jean ne vit ce qu’il croyait un début, ni ce qu’il attendait ensuite. Le petit morceau de bois flambant jetait une lueur bleue et rose, dansante et capricieuse, qui détaillait brutalement les choses autour d’elle. Il montra au jeune homme un visage blême et las, mais dont l’ovale avait un charme certain. Il reconnut un peu du masque de Lucienne dans ce nez étroit et bien placé, dans le regard bleuâtre aux iris tachés d’orange, et dans le pli de la bouche un peu douloureuse. Elle était bien « de la famille », cette rôdeuse. Mais ce qu’elle portait de plus féminin que sa cousine écœura Jean, en même temps, et fit lever en lui des instincts violents où le désir régnait. C’est que, sous le cou long et blanc, on voyait une poitrine forte et lourde. Ce n’était pas là les courbes charmantes et atténuées de Lucienne, mais de puissantes formes sphériques, tendant l’étoffe pauvre d’un corsage dont le premier bouton manquait, de sorte que le regard entrait dans le creux d’ombre séparant les seins.

L’allumette s’éteignit.

La femme parla à nouveau, mais un léger respect nuançait ses paroles.