Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/191

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L’amour n’avait plus aucune place dans sa pensée.

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Rentrant chez lui, Jean commença de trembler que son père informé ne le fît appeler pour de méthodiques reproches. Il fut soulagé en voyant que nul n’avait l’air préoccupé. Donc l’affaire restait ignorée. Pendant le dîner il guetta ensuite toutes les paroles de sa mère, qui avait accoutumé de faire attendre longtemps et de préparer avec lenteur les observations jugées nécessaires.

Le calme lui revint enfin. Dès qu’il le put faire sans choquer les convenances familiales, sous prétexte de migraine, il se retira dans sa chambre.

Alors Jean se mit à lire en attendant que ses parents voulussent se coucher à leur tour. Cependant la colère, qui maintenant débordait en lui, occupait toutes les avenues de sa pensée. L’orgueil poussait chez ce jeune homme timide et modeste des tiges énormes et rapides. Il sentait monter dans son cœur un mépris écrasant pour tous les Dué pauvres et besogneux.

Ainsi, par bonté pure, il avait voulu plaire à une fillette chassée de sa famille. Rien de plus juste que son désir. Et voilà que sa récompense serait une multitude d’ennuis et de soupçons. Jean cultivait l’horreur des reproches