Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/20

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libre et claire. Toutefois, un « moi » secret et puissant, qui connaîtrait son heure, disait : « l’amour ».

Il chercha pourtant, dans l’espèce d’hallucination romantique qui le possédait, quelle femme mériterait un jour d’être aimée par Jean Dué. Pour noyer ce qu’avait de trop précis l’image fournie par son imagination, un flot de littérature se manifesta. La phraséologie cornélienne et racinienne éteignit net le feu qui s’allumait au fond de ses sens.

Alors, à travers deux portes qui le séparaient de la rue, il entendit nettement qu’on frappait chez lui, du dehors.

Un frisson passa sur son échine. Il retombait d’une rêverie tissue de réel et de fantastique dans une contingence surprenante et romanesque. Qu’est-ce que cela voulait dire ?

Il attendit une minute, l’oreille attentive. Le bruit ne se renouvela pas. Il hésita un instant, puis, comme si c’eût été un acte délictueux, se glissa vers l’entrée de la maison. Si l’on avait frappé de nouveau il serait resté immobile.

Il fut bientôt comme une ombre près de la porte. Nul bruit ne s’entendait plus. Qui donc avait frappé ? Un désir ardent le saisit : Il regarderait… Il ne réfléchit aucunement pouvoir monter voir du premier étage, par exemple. Il ne voulait pas quitter ce chambranle qui