Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/21

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l’accotait, sans savoir… Avec précipitation, très ému et pourtant sans peur aucune, il ouvrit. Un morceau de nuit lunaire s’encadra dans le rectangle déclos. Il sortit alors dans la rue en regardant d’abord à droite où la perspective était éclairée. C’était le silence ténébreux des nuits provinciales. Un réverbère jetait là-bas, sur les pavés inégaux, une lueur jaune et vague. Les immeubles dessinaient en l’air un jeu incompréhensible de silhouettes anguleuses, pleines de saillants et de rentrants. Au loin une tache claire annonçait un café sis à l’angle de la rue et d’une place.

Rien d’autre ne s’apercevait.

Jean se tourna de l’autre côté. Là, dans un imbroglio de recoins obscurs, régnait la nuit totale, évocation secrète de mille mystères, drames et aventures.

Le moyen de croire qu’on vint de ce côté frapper à minuit chez Jean Dué ?

— Bonsoir, mon cousin !…

Une voix fine et féminine le frappa d’abord. Ensuite il perçut une grande forme mince et droite qui semblait attendre avec humilité. Les trois mots furent prononcés avec une délicatesse cristalline, imperceptiblement atténuée par une sorte de prudence complice.

Jean Dué, ahuri, ne dit mot.

— Bonsoir, Jean…