Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/226

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naissance. Habitué par l’entraînement des études à trouver dans tout système de pensées un principe directeur et une organisation hiérarchique, il n’hésitait plus à théoriser son désir. Lucienne lui semblait devenue son épouse et il eût volontiers proclamé le fait à son de tambour.

La jeune fille eut un mal infini à lui prouver que de telles visées allaient droit contre le vrai but que tous deux, admis leur amour, devaient se proposer désormais.

Il s’était mal laissé convaincre. Mais la lassitude agissait sur son esprit défait. Il finit par consentir à rentrer chez lui comme si nulle chose ne s’était passée.

Rien d’abord ne lui avait paru plus vil que cette façon sournoise d’envisager la vie, car Jean brûlait de manifester son amour, comme un dévot, de conversion récente, étale agressivement sa nouvelle religion.

Mais Lucienne Dué, parfaitement équilibrée, et devinant avec rigueur le groupe d’actes devenus utiles pour elle dans la circonstance, voulait profiter de l’aventure et non point s’y sacrifier. Tandis que le jeune homme voyait fermenter en lui, sous l’empire de l’émoi sexuel, toutes les littératures sentimentales et violentes dont sa jeunesse était gavée, elle méditait avec une pratique acuité. Certes la pudeur de son cousin et cette fièvre dont il se