Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/227

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prouvait animé lui étaient, à elle aussi, un fort aphrodisiaque. Mais la femme sait qu’il y a temps pour le plaisir et temps pour les calculs ménagers. Elle ne confondait point les paroles que la volupté arrache, et dont la sincérité est brève, avec celles qu’on prononce pour vendre ou acheter, et dont la valeur se monnaye toujours. Son plan fut vite fait. Il était fruste mais non point sciemment méchant. Lucienne non plus ne connaissait pas avec rigueur les ordres de morale publique et les organisations sociales.

Elle voulait partir pour Paris. Paris lui semblait — à juste titre au demeurant — le seul refuge d’une jeune fille fuyant sa famille et propre, pas sa grâce et son esprit, à se bâtir, en marge, un petit destin acceptable. Mais encore fallait-il de l’argent…

Or, à qui en eût-elle demandé, sinon à son cousin ?

Ainsi s’enchaînait son raisonnement. Mais elle savait que tout ici-bas change de valeur apparente selon l’adresse avec laquelle on accole des mots convenables. Elle s’efforçait donc de guider délicatement son cousin sur la voie désirée.

Ce n’était pas difficile. Jean subissait le contre-coup de sa propre stupeur, née soudain en voyant le mensonge de toutes les paroles enseignées. Il aurait cru naguère que la posses-