Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/24

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tant, depuis des ans, il était comme consubstancié à ce logis.

La jeune inconnue souriait cependant, et de quelle puissance apparut à Jean Dué ce simple écartement des lèvres rouges et gonflées sur les dents claires…

— Mon cousin, ce n’est pas possible, vous ne me reconnaissez pas ?

Lui se sentait faible et veule. Il n’aurait pas voulu être questionné. Il aimait ce sourire, et cette voix, et cette forme, mais…

Il dit :

— … Je crois que…

— Allons, vous voyez bien : je suis Lucienne Dué.

Lucienne Dué. Ah ! cette fois, il commençait à deviner. Dix-huit mois plus tôt, étant avec son père, il avait croisé une femme avec une enfant et M. Dué lui avait dit : « Ce sont des Dué. Cette petite se nomme Lucienne, comme ta mère. »

Un étonnement saisit le lycéen. Voici dix-huit mois, la fillette vue était vraiment puérile. Jean s’attestait alors un homme devant elle. Maintenant elle était femme quand lui se sentait encore un gamin.

Il fut humilié : une humiliation admirative et satisfaite.

Il la regardait assise. Lucienne Dué n’avait