Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/46

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faute devant les siens et son humiliation crut. N’y a-t-il pas un ordre de choses à respecter dans les conversations ? On le lui avait dit cent fois pourtant.

— Dites-moi, Lucienne, ce qui vous amène chez moi. Si je vous le demande tard, il vous faut comprendre que le seul plaisir de votre présence me faisait oublier le reste.

Le compliment porta. Une légère confusion passa sur le joli visage féminin.

— Vous êtes galant, Jean !

— Pas du tout, ma cousine. Si je l’étais, je vous aurais dit bien des choses que je pense…

— Dites-les, je n’y crois pas d’avance.

Elle disait cela pour le fouetter, mais l’effet fut opposé.

— Ma cousine, je ne mens jamais.

Il avait parlé sèchement.

Elle corrigea sa phrase précédente.

— Voudriez-vous, Jean, que je reconnaisse croire toujours les galanteries ?

Il n’avait aucun sens de l’escrime verbale des femmes et repartit avec dignité :

— Quand une chose est pensée comme elle est dite, il faut y croire.

Elle éclata d’un rire un peu aigu.

— Jean, c’est qu’on m’en a dit déjà, des galanteries. Je suis payée pour n’y pas croire.

— Votre cousin Jean, ma chère Lucienne,