Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/54

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Il était heureux de faire un sacrifice et sa face s’épanouit.

Alors, comprenant qu’elle avait gagné sa cause, elle se leva et sauta sur les genoux du jeune homme.

Il l’accueillit avec un embarras timide, tôt d’ailleurs disparu. Non point qu’elle fût impudique. Elle était seulement femme, et déjà habituée à compter sur ses charmes dans la vie pour réussir.

Cela lui dictait donc d’instinct un comportement très souple et délicat.

Elle embrassa son cousin. Lui, les bras tombants, évitait, sans le savoir, ce type de jeux manuels qui coupent les effets des femmes occupées de séduction. N’ayant rien d’autre à faire que de l’embrasser, elle y mit tout son art. D’abord un baiser sur la joue droite, puis un autre sur la joue gauche, puis un autre, hésitant où se poser. Enfin, pour couronner, Jean connut le baiser sur la bouche. Le contact resta furtif et léger, et pourtant la réaction fut nette en lui, sa tête s’inclina en arrière. Alors Lucienne, intuitive, appuya violemment ses lèvres entr’ouvertes sur celles du jeune homme et il crut qu’un tison ardent lui parcourait l’échine, en même temps que ses bras vinrent se refermer sur le corps léger. Lucienne Dué se laissa imperceptiblement étreindre, puis s’éloigna.…