Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/63

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Elle fut touchée par l’humilité de la parole et du ton. Une femme est toujours satisfaite quand l’homme plie le genou devant elle.

— Non cousin, vous allez, comme tous les personnages de science, chercher midi à quatorze heures. Je ne sais pas du tout si je suis jolie…

Ce disant elle présentait son gracieux visage de trois quarts, avec une astuce délicate. Les pupilles glissaient aux angles des paupières et cela donnait un profil galant, très dix-huitième siècle, attirant et lascif. Elle savait cela d’instinct. Il le vit. Elle attendait une remarque mais il était trop attentif à s’analyser en écoutant ces précieuses paroles de femme pour interrompre. Elle continua :

— Je ne sais vraiment pas si je suis jolie et même si vous le pensez…

— Oh ! ma cousine, vous me blessez…

— … mais ce dont je suis assurée, c’est qu’il ne faut pas se tracasser tant pour le dire quand on le croit. C’est toujours bien dit, puisque c’est dit.

Il baissa la tête. La leçon s’attestait bonne. Et pourtant elle ne le satisfit pas. Il tenta de se disculper.

— Lucienne, je ne puis pas vous dire que je vous trouve jolie comme je dirais à Angèle, ma bonne, de me donner mon pardessus. C’est