Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

là ce qui nous sépare. Vous admettez qu’il faille dire tout sur le même ton. Eh bien moi, je vous trouve adorable, mais je ne sais pas comment l’exprimer avec délicatesse.

— C’est dit.

Les deux syllabes sonnèrent comme un soufflet. Jean, embarrassé, se tut une minute. Il pensait avec désespoir : « Je ne saurai donc pas lui parler comme il faudrait. »

— Non, cousine, ce n’est pas dit. Je voudrais l’exprimer comme je le ressens et ce n’est pas si simple qu’un mot de garçon coiffeur tentant de séduire une servante.

Lucienne ne répondit plus. Courageusement, il reprit encore :

— Moi, Lucienne, je suis un garçon d’étude. Je connais peu les femmes.

Elle dit aigrement :

— Vous avez au moins quinze cousines Dué et autres, avec lesquelles vous jouez au tennis. Je vous ai vu cent fois passer avec des raquettes.

C’était vrai ! Jean resta pantois. Il disait ne pas connaître les femmes, mais souvent gîtait chez lui une bonne demi-douzaine de jeunes parentes. Or il se sentait très à l’aise avec elles. Il échangeait même des réflexions hardies. Plus hardies qu’il n’eût osé avec cette fille de pauvres qui se tenait devant lui en ce moment. La psychologie du jeune homme