Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/67

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son esprit vivement tourné vers l’absolu il avait tendance à croire désormais quotidiennes, dans la vie des hommes de son rang. Mais Lucienne tenait presque Jean pour un sot et peut-être, en son incapacité à comprendre la timidité, pour un orgueilleux hypocrite capable de dissimuler ses désirs sous un masque d’austérité absurde. Jamais elle n’aurait cru que son cousin pût ignorer tout de l’amour. La timidité ne pouvait s’allier à ses yeux qu’avec la dépendance et la pauvreté.

Jean, le premier, tenta de renouer un entretien auquel elle avait renoncé.

— Lucienne, qu’allez-vous faire maintenant ?

Elle était si loin de cette question qu’elle le regarda un instant sans entendre,

— Mais… je vais m’en aller.

Il sursauta…

— Vous n’y pensez pas, Lucienne.

Elle n’y pensait pas en effet, mais redit avec une ingénuité fictive :

— Que puis-je, faire, Jean ?

Il reprit pied dans la vie.

— Lucienne, vous êtes venue à minuit me trouver. Ce n’est pas pour partir après deux heures de conversation…

Il hocha la tête avec un sourire.

— … où je ne fus point brillant.

Avec l’effronterie féminine, elle voulut prou-