Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/68

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ver que son désir était réellement de partir. Il lui coupa la parole :

— Voyons, Lucienne. Vous avez fui votre famille. Vous avez l’intention de ne pas revenir là-bas. Je crois que vous avez raison. Mais seulement dans l’absolu. Pratiquement il vous faut trouver à arranger une existence qui ne soit tout de même pas pire que celle qu’on voulait vous imposer. N’est-ce pas juste ?

Elle inclina la tête en signe d’approbation. En soi elle pensait : « Qu’est-il besoin de revenir sur ces choses-là. On le sait bien. Je viens de ficher mon camp… »

— Mais, ma cousine, l’argent que je puis vous donner ne constituera pas une fortune. Et, d’autre part, que de difficultés je vois à votre départ pour Paris.

Il parlait comme eût parlé sans doute son père. Ses mots venaient lentement. Il avait le plus vif désir de serrer de près la vérité.

Elle leva une main en l’air, avec un vague signe qui pouvait signifier son indifférence et articula :

— Mon cousin, nous autres, pauvres, nous ne faisons pas tant de chichis. Je m’en irai à Paris sans réfléchir. Sur place je verrai comment agir. Les plans à longue échéance sont les trucs d’oisifs, qui ne feront jamais ce dont ils parlent.

Il se tut.