Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/74

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peut vous troubler. Vous pouvez rester ici à converser jusqu’à ce que le sommeil me prenne. Seule, jamais je ne m’endormirai.

Il s’assit.

Elle quitta ses chaussures.

— Je vais m’étendre tout habillée.

— Vous voyez bien, c’est moi qui vous gêne ?

Elle le regarda avec un visible dédain :

— Non, Jean, je n’ai pas de secrets à vous cacher. Mais lorsque votre servante va venir, il me faudra peut-être fuir vite ?

— Non, Lucienne. Elle ira droit à sa cuisine et n’en sortira qu’une heure après. Il lui faut laver la vaisselle d’hier, allumer, faire mille choses qu’elle a laissées pour courir son galant.

— Cela ne vous ennuie pas que cette femme sorte ainsi.

— Ma mère n’aimerait pas cela. Je ne crois pas qu’elle la mette néanmoins à la porte pour si peu. Mais moi je comprends bien qu’Angèle n’a aucun bonheur sur terre et qu’il faudrait être féroce pour la priver de celui-là.

— Vous êtes bon !

— Je voudrais l’être, Lucienne. Mais on n’est pas bon quand on veut.

Elle avait quitté prestement ses bas, pour ne pas montrer sans doute qu’ils fussent troués. Lui avait deviné et semblait s’attacher à regar-