Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/76

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— Si je suis assurée que vous ne profiterez pas de mon sommeil.

— Moi, profiter. Lucienne, vous me jugez mal !

— Je riais.

— Il ne faut pas rire comme cela. Tout soupçon d’indélicatesse m’est pénible.

Elle sortit du lit son bras nu.

— Jean, il y a souvent deux indélicatesses opposées, l’une qui consiste à dire oui, l’autre à dire non. Quelle est la mauvaise ?

— Je ne vous comprends, pas, Lucienne.

— Tenez, je suppose deux amoureux ensemble.

— Oui ! Hé bien ?

— Aux yeux de la femme qui aime ne serait-il pas indélicat de se conduire avec elle en monsieur correct, mais froid ?

Jean leva les sourcils en signe d’étonnement.

— Ma cousine, il me semble que vous avez raison. Mais je ne sais pas du tout, dans la pratique, comment la délicatesse et son contraire inspirent les rapports d’amants.

— Enfin, Jean, vous ne lisez donc que des livres dont l’amour est absent.

— Mais non, cousine. Les œuvres que nous lisons sont même exclusivement des histoires amoureuses. Il en est de hardies, comme la Phèdre de Racine.