Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comment ? Il l’ignorait. Il agirait toutefois de son mieux, pour être agréable et utile à la fillette en fuite. Jamais il ne lui serait venu à l’esprit de profiter de ce que Lucienne fût chez lui pour tenter des attouchements et des jeux capables de mener… Il savait très bien, si neuf qu’il fût, où cela menait. Mais outre le préjugé précis d’un mur élevé entre sa cousine et lui, il pensait que son rôle de protecteur dût avilir infiniment tout ce qu’il pourrait tenter de salace. Il considérait, avec un sens moral exact, que, recevant la jeune fille, seule et perdue dans la vie désormais, surtout si elle ne rentrait plus chez elle, il avait toute l’autorité nécessaire pour abuser de la situation. Donc il ne le ferait pas. Il ne se trompait point d’ailleurs en ses vues d’ensemble. L’erreur commençait dans la fallacieuse importance attribuée aux actes par lesquels se manifesterait l’abus.

Mais surtout veillait en lui une curieuse flamme d’orgueil. Même à supposer qu’il oubliât tant de raisons justifiant où nécessitant sa correction d’attitude, il ne se serait point décidé à tenter ce rapprochement galant qu’il ne connaissait que par une littérature, abondante certes et minutieuse, mais tout de même inférieure à l’expérience. Jamais il n’aurait, en effet, osé montrer à sa cou-