Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/88

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Lucienne endormie tournait le dos à l’entrée. On percevait, tendant les draps, la rotondité des hanches. Le visage, perdu dans l’oreiller, restait invisible.

Jean vint au bord du lit.

— Lucienne ?

Il avait à peine chuchoté. Elle n’entendit pas.

Il redit :

— Éveillez-vous, Lucienne !

Sans doute perçut-elle le bruit léger d’une voix. Cette sensation resta inconsciente, mais la fit agir. Elle se plaça alors sur le dos. Jean vit un visage boursouflé et laid, mais d’une puérilité merveilleusement attendrie.

Il se connut d’une indiscrétion écœurante et faillit se retirer. Mais le moment était trop grave. Il la toucha enfin légèrement à l’épaule.

— Lucienne ?…

— Quoi… Quoi ?

Elle se réveilla, la face hagarde, effarée et sinistre.

— Lucienne !…

Elle le regarda sans d’abord le reconnaître, puis ses traits se détendirent.

— Ah ! mon cousin, vous m’avez fait une peur…

Elle riait maintenant, redevenue gracieuse et charmante.