Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/91

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— Que ?…

Elle articula tout à trac :

— Mais, Jean, une femme seule, on croirait qu’elle est venue voler…

Il resta ahuri et la bouche close. Cette supposition paraissait si extravagante que les mots lui manquèrent.

Cependant, car elle avait repris son activité de femme surprise nue et qui s’habille en hâte, les gestes prompts de sa cousine fermaient peu à peu les regards vers sa chair.

Il avait senti son regard brûler, et ses paumes, lorsque sans honte la jeune fille sauta hors des draps entortillés. Aucune analyse ne donna alors à ses sensations une forme nette et doctrinale. Il n’eut même pas le sentiment d’une impudeur commise. Il était comme une vierge qui verrait devenir chair un marbre d’homme sexué. La ligne de démarcation du chaste et de l’impur se trouva sautée si vite que Jean Dué fut placé devant un corps de femme nu, strictement pourvu de tous les détails de son sexe, et ignorant même toutes réserves, avant que son intelligence eût le temps de comprendre le fait.

Il resta donc une minute dans cette sorte de transe physiologique que recherchent, presque toujours sans y parvenir, les amants trop loin de l’instinct pur.

Mais il se domina et voulut enfin rassurer