Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/92

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Lucienne qui craignait d’être prise pour une voleuse.

— Personne ne l’aurait pensé, cousine.

Il devina pourtant que cette enfant du peuple tînt l’amour pour chose excusable et naturelle, morale même, sans doute, et qui s’excluait seule des situations inconnues ou très étranges. Trouver une femme chez soi, c’est arrêter une voleuse.

Lucienne se vêtait donc prestement. Jean, debout, aurait voulu s’asseoir. Il se sentait las. Il craignait tout de même un peu qu’Angèle ne montât. Pour rien au monde il n’eût d’ailleurs exposé ce souci. En sus, il pensait que regarder, assis, une femme s’habillant dût être d’une suprême insolence.

Lucienne, elle, songeait à toute autre chose qu’au savoir-vivre spécial devers les femmes en chemise. Elle se crispait sur ses jarretelles et maudissait les boutons-pressions de son corsage avec autant de naturel que si elle eût été seule.

Pour ce, le spectacle n’aurait pu manquer d’être original aux yeux d’un Don Juan un peu informé… Les femmes, en effet, s’habillent rarement avec simplicité en présence des hommes. Mais Jean restait un lycéen émerveillé devant une petite fille pourchassée, désireuse de tôt s’enfuir…