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KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

fille d’une épouse de Gulab-Singh, brûlée à la mort du rajah. Vous savez qu’on brûle encore vivantes les malheureuses épouses des rois hindous décédés. C’est défendu, mais si traditionnel… En 1843, on brûla même cent soixante femmes d’un coup sur la tombe de Soochit-Singh. En 1863, on n’en brûla, à vrai dire, plus que trente-deux à la mort de Jowahir Singh. C’est ce qu’on appelait faire « Sutty ». Cela se pratique toujours obstinément mais en secret et surtout dans les montagnes où les mœurs sont violentes. En tout cas, à la mort de Gulab-Singh, une des veuves brûlées vives tomba du bûcher avant la combustion totale et accoucha d’une fillette qui devait être un jour la mère de Zenahab. L’enfant fut élevée avec soin et, à vingt ans, se réfugia dans le bas Thibet. Elle s’y fit une notoriété, déjà justifiée par le miracle de sa naissance, d’inspirée de Brahma. Elle devint peu après la plus magnifique épouse