Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/101

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Bientôt elle se trouva dans une zone déserte et rocheuse où elle progressa plus vite, puis elle retrouva la forêt et le cri d’un chien, à droite, lui fit supposer qu’elle passait près de quelque village.

Et toujours les pas suivaient les pas. Toujours, elle laissait derrière elle les perspectives sinistres des bois denses et parfumés.

L’aube, l’heure où elle aurait dû mourir, la surprit près d’une rivière. La vie reprenait partout. Le ciel bleu s’emplissait de cris d’oiseaux, et l’espoir revint en Ioanna pourtant fatiguée.

Elle savait nager, car un petit lac où on pêchait des poissons délicats, se trouvait naguère près de la demeure où elle avait vécu depuis sa venue au monde. Peu importait donc le gué. Elle se mit à l’eau, nue, ayant roulé sa robe monacale. Bientôt, sur l’autre rive, elle se revêtit puis continua sa route.

La faim lui vint.

Il devait être près de la moitié du jour lorsque exténuée et cherchant un lieu de repos, se demandant même s’il lui fallait manger un peu d’herbe pour apaiser son estomac douloureux, elle se trouva, sans l’avoir deviné, près d’un campement de misérables errants.

C’était dans une vallée étroite, sinistre à souhait, pleine de souches mortes et où serpentait un ruisselet.