Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/135

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moines innombrables aux costumes pleins de secrets.

Elle vit des hommes à la chair jaune et aux yeux bridés, aux faces plates et ricaneuses, qui ne regardaient personne et paraissaient mépriser l’univers. Sur le port, autour des cabanes misérables où se heurtait sans cesse une cohue puante de brigands de toutes races, elle rencontra même un moine de Fulda. Elle se déroba à sa vue, et l’homme, ivre, ne la reconnut point. Ainsi donc, même ici, elle pouvait être en danger. Ce lui fut un souci et elle prit l’habitude de se couvrir à demi la face, avec une de ces coiffures helléniques à bords tombants que portaient les gens du pays.

Marseille, porte de l’Orient, sentait les épices, le vin aromatique, la sueur et les parfums les plus subtils. Des femmes, vêtues comme son père adoptif avait dit que se vêtaient des siècles plus tôt les courtisanes athéniennes, se promenaient partout avec insolence devant des prêtres qui leur envoyaient au passage des exorcismes et parfois des appels.

Il y en avait de très belles, et qui arboraient ces robes fendues sur la hanche par lesquelles tout le corps apparaît durant la marche. Elles portaient aussi des éventails trilobés, et affectaient de parler une langue amusante faite de bribes de tous les patois