Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/155

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route, à une demi-journée de marche à gauche. J’ai choisi ce chemin qui nous écarte, mais nous protège.

Déjà Ioanna dormait.

Et le soir, après avoir mangé quelques figues sèches, on repartit. Ioanna se sentait, cette fois, aguerrie et regardait dans le crépuscule, le farouche décor qui l’entourait. Elle se demandait par quel entraînement merveilleux, en pleines ténèbres, son conducteur pouvait reconnaître sa route quand, même durant le jour, elle n’aurait pu s’en fixer le caractère incertain dans l’esprit. Ils allèrent vite. La jeune fille se tenait près du chamelier, qui, de temps à autre, d’un clappement de langue excitait les bêtes. Il écoutait aussi les foulées. Si un des chameaux était en retard d’un pas il le percevait sans se retourner.

Ioanna sentait une torpeur l’envahir et luttait avec peine contre l’abandon de sa personne, mais soudain il y eut un arrêt.

Elle s’éveilla de son hypnose.

— Que se passe-t-il ?

L’homme fit :

— Silence !

Ils écoutèrent tous deux sur leurs bêtes muettes.

Au bout d’un instant, ils perçurent à gauche de leur marche une série de bruits étouffés.

Longtemps ils attendirent ainsi que l’é-