Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/157

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semblaient toutes en jambes, chacune sommée d’un cavalier et qui se hâtaient au bout de l’horizon.

— Nos ennemis.

Ioanna était inquiète, mais l’homme parut rasséréné.

— Je les aime mieux devant que derrière, fit-il. Ils s’arrêteront en route et remonteront vers le nord. Nous sommes saufs.

De fait, au bout de huit jours de cette existence sinistre et passionnante, qui tendait les nerfs de la jeune fille comme jamais elle ne l’avait ressenti auparavant, on parvint à la première oasis égyptienne, sans avoir rencontré d’autres voyageurs.

Ioanna était devenue couleur de bure. La peau de son visage amaigri et tanné y acquérait une beauté neuve et provocante. Ce fut dans une sorte de hutte, près d’un ruisseau chantonnant sous des palmiers, que, dans une brusque étreinte, la jeune aventurière retrouva à nouveau l’ardeur voluptueuse et véhémente qui l’avait si souvent fait pâmer à Fulda.

Et son amant disait :

— Femme tu es plus douce que le paradis.

De l’oasis, après trois jours de repos, on gagna la vallée du Nil, peuplée d’une race abondante, maigre et hiératique qui parut à Ioanna mystérieuse et pleine de secrets.

Elle se vêtit désormais en homme d’Égypte.