Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/171

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nuances malpropres qui gênaient le regard sous le grand ciel clair et la lumière admirable de ce pays de soleil.

Mais ils se sentaient maîtres en vérité, et ils jetaient des regards soupçonneux sur ces gens aux robes de fine laine blanche, aux genoux nus, et à la face sérieuse qui semblaient toujours appartenir à l’horreur païenne.

Surtout les gênaient les jeunes hommes robustes aux muscles apparents, aux faces roses et qui marchaient sans chapeau, avec un ruban cerclant le front. Ceux-là semblaient dire aux prêtres : Vous avez eu beau détruire nos stades et nous interdire les jeux athlétiques, nous resterons les forts, ceux qui polissent leur chair et lancent le disque. Et notre heure reparaîtra.

Ioanna vit cela. Et elle comprit qu’en Athènes c’était le vieux monde qui mourait. Il fallait en prendre son parti. Il fallait accepter cela comme un arrêt des Moires. La religion de ce mystérieux crucifié du Golgotha dominait et désormais dominerait le monde.

Déjà les moines du couvent de l’Athos, près de Thessalonique, détruisaient systématiquement tout ce qui rappelait la pensée ancienne des hommes de leur race.

On disait que dix mille manuscrits avaient été brûlés par eux et ils intriguaient à Byzance