Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/188

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l’aimait, et rien n’était trop délicat pour elle.

Sans doute devait-il lui arriver d’introduire dans les sermons qu’elle faisait quelques propositions hérétiques. Parfois même elle s’y amusait spontanément.

Mais peu importait à ces nouveaux convertis qui se sentaient presque disposés à mourir pour elle.

On s’embarqua enfin. Les matelots du bateau, de vrais païens épirotes, dont le métier consistait à mener à la côte italienne les émigrants et les pèlerins, riaient de voir cette masse de Bulgares aux faces de bandits, devenus, sous l’influence de ce jeune et bel apôtre, de petits moutons dociles.

Et l’on aborda à Brindes, d’où César, jadis, était parti pour vaincre à Pharsale et créer l’Empire romain aujourd’hui justement passé aux mains de Lothaire, fils de l’Empereur d’Occident, et homme barbare s’il en fut.

Enfin, après un autre voyage terrestre sur un sol étrange et si différent de tous ceux que Ioanna connaissait, différent de la forêt germanique, du terroir français et de la campagne grecque, on arriva en vue de la Cité Éternelle. Sur une voie semée de tombeaux, et muette comme un cimetière la caravane avançait en silence. On voyait au loin des édifices géants dominant l’amas informe des toits : La tour énorme d’Hadrien