Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/208

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chez une vieille femme qui vendait les costumes des prostituées mortes, mises au supplice — chose fréquente, — ou mieux ayant eu simplement besoin d’argent.

Elle était certaine de son incognito dans ce coin de la ville et que la vendeuse ne soupçonnait rien.

Ioanna mit donc cette vêture et descendit, le cœur battant comme celui d’une fillette qui va pour la première fois à un rendez-vous.

Elle savait d’ailleurs ne devoir rencontrer personne.

Il était assez tard. Fardée, elle portait aussi une perruque rousse achetée avec la robe, et cela changeait l’aspect de son visage.

D’abord elle avança prudemment, puis une fois sortie du quartier presque totalement ecclésiastique où elle vivait, elle se hâta.

À cette minute, où elle se sentait proche d’un plaisir depuis si longtemps attendu, sa chair flambait vraiment, comme on dit que flambe dans l’enfer celle des luxurieux brûlés par un feu inexorable là où ils ont péché…

Elle allait chez une femme servant d’entremetteuse pour trouver, à certaines épouses mécontentes de leurs maris, des amants jeunes et ardents.

Elle y fut bientôt. Or, là il y avait foule,