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moins coupables, furent libérées. Elles devinrent les habituées de la rue aux prostituées et l’une d’elles épousa même un des fidèles du roi Lothaire. Par la suite elle donna naissance à une dynastie qui ne s’éteignit plus.

Ioanna, en accomplissant ces actes de justice, ne pensait jamais à sa propre vie. Elle assumait les responsabilités de la fonction voilà tout. Au demeurant elle ne pouvait haïr l’Église, qui lui avait révélé, à Fulda, le plaisir, et à Rome, la puissance.

Et puis faire régner un ordre sévère autour d’elle était le seul moyen de garder le trône et de dominer les embûches semées sur ses pas.

Elle signa des actes importants avec le Patriarche de Constantinople et avec le Calife de Bagdad. Elle envisagea un temps de chasser les Sarrasins de Sicile, mais craignit que sous couleur de constituer une armée pour descendre dans le Sud, on ne voulut surtout la descendre de sa sedia impériale.

Une méfiance extrême emplissait donc ses jours.

Et voilà qu’un matin du mois d’août 854, Ioanna rêvait dans sa bibliothèque, en feuilletant des rapports de police que l’un de ses fidèles venait de lui apporter.

On lui dit qu’un soldat voulait la voir.

Elle avait fait condamner sa porte et