Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/235

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vant et le courbant sous sa volonté, il en tombait dans une sorte de délire religieux.

Il murmurait :

— Je devais te découvrir pour te livrer au bourreau, mais c’était en vérité pour le seul bourreau de mon amour. Ioanna, dis que tu m’aimes aussi !

— Oui, fit-elle avec un ricanement.

Et le poignard décrivit une courbe luisante puis vint frapper l’amant à la nuque, car il avait le front baissé vers le centre vivant de sa maîtresse.

Il eut un cri, sursauta, leva une face soudain blême et affolée, puis chut en arrière avec un soupir désespéré. Ioanna abaissa sur son corps féminin la robe somptueuse.

Une lourdeur lui pesait aux lombes.

C’était la fin du plaisir pris sans le vouloir et le savoir. Elle se dirigea en hâte vers la porte secrète qui conduisait à son appartement.

Derrière, il y avait deux de ses plus fidèles sbires.

D’une voix froide elle dit :

— Emportez et jetez secrètement cette charogne qui est là. C’est un envoyé de nos ennemis et je m’en suis débarrassée.

Elle parlait lourdement, mais ses gestes restaient pleins de majesté.