Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/237

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prestige, ni la suite, ni la fonction qui eussent pu attirer l’attention sur sa disparition. Nul ne songea à lui.

Le renom de Ioanna ne fut donc point atteint. Les seuls êtres connaissant l’aventure, tout au moins dans sa conclusion, furent des serviteurs spécialisés dans toutes besognes meurtrières. D’abord ils ne parlaient jamais de rien, ensuite, trouvaient la mise à mort d’un ennemi chose trop naturelle.

Et s’ils eussent pu se plaindre c’est parce que Ioanna ne leur donnait pas assez de besogne criminelle à accomplir.

Croire que la Papesse pût avoir quelque remords serait aussi errer. Elle sentit un moment la tiare chanceler sur sa tête. Lorsque Gontram était entré ç’avait été une émotion terrible au fond de son corps terrifié. Se savoir libérée de ce danger lui apportait plutôt une joie profonde, une sorte de certitude apaisée d’amener sa vie à un terme normal dans le poste magnifique auquel, habituée, elle trouvait un charme prodigieux.

Mais que sa sexualité se fût émue lui faisait sentir le danger de vibrer autrement que d’esprit. Elle jura de ne plus savoir qu’elle était femme et la chasteté serait désormais sa loi.

Par un phénomène sans doute explicable, du jour où elle prit le parti d’oublier à