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On arriva en avril 855.

Ioanna, sanglée et le corps tenu étroitement dans des bandes d’étoffe, avait jusqu’alors pu dissimuler tout, sauf qu’elle fût malade. Ses yeux cernés et son visage las permettaient toutefois bien des espoirs à ceux qui ambitionnaient de lui succéder.

Or, le 17 avril de cette année-là, l’Église célébrait à la mode antique la fête des Ambarralia, comme on disait aux temps païens, ce que l’on nommait désormais les Rogations.

Ce jour-là une immense procession quittait la Basilique de Saint Pierre, pour se rendre à Saint Jean de Latran. C’était, au renouveau, une des cérémonies les plus aimées des Romains et elle se faisait avec tout un attirail de costumes éblouissants, de pieuses reliques, d’objets consacrés que le peuple ne voyait guère qu’en cette circonstance-là.

Le Pape, au centre de la procession, était à cheval selon la coutume. Il bénissait à droite et à gauche et la foule romaine poussait des vivats en se mettant à genoux.

Ioanna avait enfin décidé, de recourir à la fameuse empoisonneuse Herunia, dont on disait qu’elle sût libérer les femmes enceintes, sans les faire souffrir, en peu d’heures. Son dessin était de la faire venir à la suite de cent plaintes portées contre elle et de lui imposer la libération d’une femme