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V

La Route


Dans l’ombre de la nuit, sous une voûte obscure
Le silence a conduit leur assemblée impure.
Voltaire. — La Henriade (chant V-v. 221-222.)


Ioanna se mit debout avec lenteur. Elle se sentait devenue une bête forestière, poursuivie et traquée par les hommes, et dont les moindres gestes ont besoin d’être prudents et attentifs. De ses yeux habitués à l’obscurité, de ses oreilles soigneuses, elle captait tout ce qui advenait autour de sa vie menacée. Enfin elle avança, pareille à un fauve craintif. Il lui fallut longtemps pour gagner les champs cultivés.

Arrivée là elle s’orienta. On voyait quelques lueurs à travers la fenêtre centrale de la chapelle. Il fallait donc tourner à droite pour parvenir vite au coin du mur, effondré depuis moins de trois jours, et par lequel il lui serait possible de sortir du monastère sans difficulté.