Page:Dunan - La Philosophie de René Boylesve, 1933.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maine, Balzac poursuivi par les recors, courant chaque jour après l’argent du dîner de demain, haï pour sa force, comme le sont toujours les forts, vaincu par des entrefilets fielleux, par des éditeurs de mauvaise foi, par des périodiques qui cherchaient à le disqualifier, Balzac mort à la tâche sans avoir cédé. Cet homme pouvait avoir la crise de désespoir qui pousse un homme au Léthé. Il l’évita par une sorte d’alacrité obstinée. Et Stendhal, dont on vendait de son vivant une demi-douzaine d’exemplaires de ses chefs-d’œuvre, qu’a-t-il cru ?

Seulement René Boylesve, homme mélancolique, et ressassant secrètement ses déboires, devait tirer d’eux une peine plus profonde. C’est qu’il ne sentait pas le violent courage de ces génies d’action, dont certains sots ridiculisent le besoin constant de prendre le monde corps à corps. Mais je vois précisément la puissance et la force d’un rêve qui