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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


une de ces beautés qui ressemblent à la rose d’automne dont parle d’Aubigné. Il fallait que l’homme restât pourtant robuste et assoupli aux sports, mais d’intelligence raffinée et même excessive en sus…

Et ce n’était pas encore tout.

Un tel amant aurait paru encore insuffisant à Amande, s’il ne s’était attesté expérimenté en femmes et expert à créer des pâmoisons. Amande eût même voulu qu’il fût un peu épuisé pour ne point tomber, comme cette chiffe d’Adalbret, en état de satiété tout de suite. Vicieux, cela va sans dire, et plus porté, ce qui est important, à jouir du plaisir donné que de celui éprouvé. Oh ! c’était un amoureux difficile à rencontrer ou du moins à reconnaître…

Ne l’ayant point trouvé, elle en choisirait sans doute un moins doué et moins entendu lorsqu’elle pourrait tenir son acte pour une juste vengeance, mais il fallait cette justification d’abord. Voilà pourquoi, ce mardi-là, elle fut joyeuse comme un pinson, dès le début du jour, et déjeuna avec une allégresse qui fit le plus fâcheux effet à son mari.

Car cet homme détestait tout ce qui témoigne chez autrui d’une quelconque forme de félicité. Il aimait à voir des faces malheureuses autour de lui.

Le repas pris, Adalbret certifia qu’il se rendait au Conseil d’Administration de l’Éclai-